Pathé Baby sera une société distincte de Pathé destinée au format 9,5mm. De nombreux modèles vont se succéder.
Ici, nous allons nous intéresser au premier modèle de 1922 ainsi qu’aux différentes versions qui vont suivre, fabriqués sur la même base.
Plusieurs modèles de Pathé Baby vont se succéder de 1922 à 1930. Les modèles A, C, D, E, G et G2. Il est difficile de les différencier, nous pouvons nous aider des publicités d’époque et surtout des catalogues. Seuls les modèles G et G2 ont leur type gravé à coté du numéro de série.
Pathé Baby 1922 modèle A
Ce projecteur est vendu 275 francs soit environ 300€ d’aujourd’hui.
Le film est placé dans un carter métallique qui protège les 9 mètres de film et le rend facilement transportable, pas de risque non plus de se tromper de sens. En fin de projection, le film reste attaché dans son carter et il faut alors le rembobiner.
Le projecteur est d’une fabrication grande simplicité, pas de débiteurs, came triangulaire, obturateur lourd assurant une certaine inertie. La lampe est de 6 watts 12 volts alimentée par un rhéostat depuis le 110 volts. Un carter récepteur, situé en bas du projecteur, récupère le film qui s’enroule de lui–même. La pellicule possède un ingénieux système à encoches pour les titres permettant d’allonger la durée de projection.
J’ai projeté « Les fêtes de la victoire », film de 9 mètres à encoches. La durée de projection a été de 1’40’’. Bien entendu, la durée varie en fonction du nombre d’encoches, on peut constater en projetant ces petits films que tout est bon pour mettre une encoche et ainsi allonger la durée de projection (titres, sous titres, plan fixes).
Caractéristiques du modèle A de 1922
C’est le plus rudimentaire des Pathé Baby. Il n’accepte que les carters de 9 mètres, la manivelle en métal est sphérique (elle sera plate à partir du modèle D).
A l’avant de l’appareil, sous l’objectif figure la décalcomanie Pathé Baby qui sera remplacée plus tard par une plaque en relief et en cuivre.
L’entrainement se fait par une griffe unique qui ne ménage pas la pellicule.
Le numéro de série est sur le bossage, sous le système d’entrainement récepteur, qui se fait par courroie plate. La douille de l’ampoule est sur le capot miroir.
Les modèles suivants
Vont suivre ensuite des projecteurs qui acceptent les carters de 20 mètres, des manivelles plates en métal puis en matière synthétique, un entrainement par double griffe.
De nombreux accessoires apparaissent : objectif permettant d’avoir une image plus large (pas très judicieux, vu la faiblesse de la lampe)
Des tapis de projection pour protéger les meubles. En effet, le rhéostat chauffe énormément pour transformer le 110 v en 12 volts nécessaire à l’alimentation de la lampe.
Parmi de nombreux accessoires, des écrans de voyage, colleuses en bois, nécessaire d’entretien, bobineuse…
Les différents modèles
- Modèle A 1922
- Modèle C 1924
- Modèle D 1925
- Modèle E 1926
- Modèle G 1929
- Modèle G2 1930 en série : double griffe, carters de 20 mètres ou bobines de 100m, objectif de 26mm avec mise au point par vis micrométrique, verrouillage du couloir par loquet à pression.
Les différentes évolutions
Carters de 20 mètres (1924), motorisation (1924), Le Baby Color (disque qui se fixe à l’avant et permet de teinter la projection en 5 couleurs), cône d’agrandissement de l’image (1925), dispositif Super pour bobines de 100 mètres avec rembobinage au moteur (1926), bobines de 120 mètres, (1928), rembobinage automatique (1929). Coffret faisant écran.
La motorisation électrique est des plus simple, une plate forme supplémentaire à l’avant supporte le moteur. La manivelle est remplacée par une poulie sur laquelle s’installe une courroie.
Le dernier modèle G2 de 1929 est une véritable usine à gaz avec ses bras pour 120 mètres, le moteur et ses nombreuses courroies.
Le Pathé Baby sera abandonné en 1929 mais on continuera à le voir dans les catalogues jusqu’en 1932. Il sera remplacé par le Pathé KID (1929), modèle plutôt destiné aux enfants avec un mécanisme simplifié au maximum, le Super Kid avec moteur et bras pour 100 mètres de film (1931) et le Pathé LUX (1931).
Quel prix pour un Pathé Baby ?
La fourchette est extrêmement large. Disons environ 80 à 120€ pour un projecteur en bon état. Le prix élevé s’explique aussi parce que ce projecteur n’intéresse pas uniquement le collectionneur de cinéma, mais aussi un public plus large car c’est un bel objet de décoration. Il n’est pourtant pas rare, de 1922 à 1932, il en aura été fabriqué 250 000 exemplaires.
Tout dépend donc de l’état du projecteur.
En premier lieu, vérifiez l’obturateur qui est parfois absent ou bloqué, si cet obturateur est en zamak (alliage de zinc, d’aluminium et de magnésium). Le zamak se déforme sous l’effet de la chaleur de la lampe si le projecteur n’est pas en mouvement. Il faut donc commencer par essayer de faire fonctionner le Pathé Baby et ouvrir le capot supérieur pour voir dans quel état se trouve le mécanisme.
Les courroies en cuir sont souvent absentes ou en mauvais état. La peinture peut être écaillée, la vitre du carter du bas peut être absente, Vérifiez également la décalcomanie qui peut être abimée, voir aussi si la lampe est présente et en état de marche. Vérifier également la présence de la manivelle.
Pour ne rien arranger, l’appareil a pu être modifié par un bricoleur peu respectueux. Si le projecteur a été rangé dans la valise Pathé, il faut démonter la manivelle pour fermer le couvercle, ce qui explique la fréquente disparition de la manivelle.
Vous comprendrez aisément la grande variabilité du prix de vente et la grande difficulté de trouver un projecteur en parfait état de fonctionnement. Pour ma part, sur 14 projecteurs utilisés pour cet articles, il n’y en avait que 2 vraiment complets et en ordre de marche)
Reconnaître le modèle d’un Pathé Baby
Le tableau reproduit reprend les particularités des différents modèles. Quelques éléments sont plus fiables que d’autres. L‘emplacement du numéro de modèle, la décalcomanie, la fixation de la lampe sont sûrs. Moins fiable, la manivelle, qui peut avoir été échangée, le système de rembobinage qui a pu aussi être interverti, l’entrainement à deux griffes que des magasins proposaient de changer.
Le tableau reproduit ici semble être paru la première fois dans la revue ciné 9,5 de 1998, article rédigé par le Docteur Serge Carrat et Jean-Claude Laubie. Je n’ai pas compris certains critères. J’ai trouvé un modèle n° 48930 qui semble être un modèle C (courroie plate, décalcomanie, une griffe) mais qui a un réglage de mise au point par vis (donc modèle E ?). Ce tableau à au moins le mérite de monter les différentes améliorations faites à la fabrication. On a rarement vu un projecteur dont la même base a été vendue pendant dix ans avec seulement quelques modifications régulières et la possibilité d’ajouter des accessoires pour faire évoluer son matériel.
Pathex : le Pathé Baby vendu aux USA
Pathex était le nom commercial de Pathé Exchange, Inc., la filiale américaine de Pathé. Le format de 9,5 mm a été introduit en Amérique pour Noël 1925 (projecteurs Modèle D). Le médaillon est parfois soudé sur le médaillon Français.
La Projection
Après avoir restauré votre Pathé Baby, passons à la projection.
Vitesse : un tour de manivelle correspond à 7 images, soit un peu plus de deux tours par seconde. Pour 20 mètres de film, c’est dur ! On comprend qu’un moteur d’entrainement s’est vite imposé pour des bobines de 100 mètres.
Il vous faudra également penser à utiliser un transformateur 220/110 volts. La tension obtenue à la lampe est assez variable, avec le temps, le rhéostat n’est plus très régulier. Pour ma part, j’ai réglé sur 10 volts (au lieu de 12) pour économiser la lampe, ce qui donne une lumière un peu chaude. A deux mètres de l’écran, on obtient une image de 50 cm de base. Difficile de faire plus. Attention à la résistance sous l’appareil qui se met assez vite à chauffer. Il est préférable de poser une protection genre dessous de plat. Ne laissez pas le projecteur à l’arrêt, lampe allumée avec l’obturateur fermé, il se déforme vite quand il chauffe. La pellicule supporte assez bien la chaleur de la lampe, pas de problème au bout d’une minute mais il ne faut pas trop insister.
On est assez ébahi par la simplicité du projecteur. L’obturateur lourd donne une assez grande inertie et, une fois lancé, la projection est régulière. Si la lumière est le point faible de ce matériel, le Pathé Baby est techniquement d’une grande simplicité tout en étant très agréable et très facile à utiliser. Quand on a la chance d’avoir un tel projecteur en bon état de marche, c’est vraiment très agréable à utiliser et de penser qu’il a été conçu il y a plus de 90 ans.
Démontage du mécanisme du Pathé Baby
Le capot du dessus avec son objectif se retire en le glissant vers le haut (2). Jusque là c’est très simple et suffisant pour graisser l’appareil.
Pour aller plus loin, ôtez les 2 vis situées en 3 ainsi que l’écrou de l’axe du système à encoches situé au centre (4). Attention aux ressorts, le remontage nécessitera un peu de patience mais ce n’est pas trop compliqué.
Le capot avant se retire en le basculant vers l’avant et vers le haut comme le montre la fente située à coté de la manivelle.
Le mécanisme est alors totalement apparent et peut être nettoyé et graissé.
Démonter tout le mécanisme, notamment pour changer l’obturateur, est plus délicat. Le remontage est plus difficile, notamment pour refixer les vis du mécanisme et pour bien remettre l’obturateur dans la bonne position.
L’obturateur peut être récupéré sur l’épave d’un autre projecteur.
La lampe est aujourd’hui difficile à trouver. On en trouvait chez Photo Muller à Paris mais il a fermé en 2010.
Pour en savoir plus
- Conférence d’Anne Gourdet-Mares à la Cinémathèque Française (novembre 2012)
- Pathé premier empire du cinéma éditions Centre Georges Pompidou.
- La vie du collectionneur du 21 janvier 1993.
- Revue du ciné 9,5 de 1998 (Janvier/Février/Mars) rédigé par le Docteur Serge Carrat et Jean-Claude Laubie (Délégué du CC 9,5 de l’Isère).
- Pour ma part j’ai utilisé dans mes archives de nombreux catalogues de vente, de 1924 à 1929 ainsi qu’une dizaine de Pathé Baby de différents modèles.